La complainte de la chaussette esseulée

Billet

ou le sort réservé aux plus faibles

C

Oyé, Oyé

Braves gens, avait vous déjà entendu le cri déchirant de la chaussette esseulée. Vous êtes vous déjà penché sur la douleur de la pauvre orpheline, qui dans un roulement de tambour endiablé perdît sa tendre compagne.

Elle, elle se souvient de sa chaussette sa compagne sa jumelle avec qui elle vécue tendrement enlacée.

De sa naissance, le premier regard à celle qui lui allait comme un gant, attachait pour la vie par le fil blanc, anneaux de mariage de la chaussette, de sa promesse de ne plus la quitter, de servir vos pieds gelés dés que l'hiver vient vous saisir.

Du plaisir de marcher côte à côte selon vos envies, de ces longues promenades que vous fîtes ensembles sans même vous en apercevoir.

Esclaves de vos pieds qu'elles choyaient amoureusement, puisque telle étaient leurs destinées.

Jamais un cri ne leur échappa malgré les traitements que vous leur fîtes subir. Elle savait que le soir venu, elles allaient se retrouver tendrement enlacées puis qu’elles danseraient ensemble dans la machine, pour se retrouver bien sèches et parfumées dans vos armoires.

Mais voilà qu’un triste matin la machine dans une ronde féroce avala la compagne, malgré tout ses efforts elle ne put la sauver de la gloutonne.

Elle voit la porte de l’ignoble s’ouvrir, et vos mains y entrer, son désespoir est immense elle sait déjà son funeste destin.

La poubelle proche ouvre sa gueule béante.

Elle prie la désespérée, se débat dans vos mains, vous implore, avait oublié si vite le bien être qu’elle vous apporta.

D’une oreille attentive vous pourriez l’entendre, mais d’autres soucis vous accaparent, bien plus importants à vos yeux que le sort de cette pauvrette.

Elle est prête pourtant à tout accepter de vous : vivre avec une autre esseulée comme elle, elle acceptera même une noire chaussette, de servir à cirer vos chaussures, ou faire la poussière, même les vitres si vous le désirez.

Tout mais pas la poubelle.

Elle tremble dans l’attente de votre jugement qui sera elle le sait sans appel. Point de recours en grâce, le mouvement de la chaussette orpheline n’intéresse personne.

Adieu monde cruelle telle est son dernier cri.

Morale de cette histoire :

Avant de la jeter vérifier bien sous votre lit qu’une n’y traîne pas oublié par votre empressement à rejoindre votre couche douillette.

Morale de la Morale

Chaussette dépareillé vie heureuse malgré tout et suscite dans votre entourage bien des remarques. Grâce à elles on parle enfin de vous, vous existez, et vous voilà classé dans la marge catégorie : Originale Patenté.

Commentaires

1. Le dimanche 5 décembre 2004, 14:34 par samantdi

C'est drôle !

Les chaussettes esseulées sont légion chez moi. Je ne m'en formalise plus, je les mets dans un grand carton à chapeaux et le matin, je plonge là-dedans à la recherche de l'union parfaite...

En cas de disette, ma foi, je ne fais pas la difficile. J'ai connu des matins avec un mi-bas noir à plumetis au pied gauche et un mi-bas noir à ramage au pied droit, qui amusèrent beaucoup la marmaille...

Souvent la chaussette esseulée retrouve sa moitié, quelques lavages plus tard. Il ne faut donc pas désespérer.

Grosses bises

2. Le dimanche 5 décembre 2004, 15:50 par Lilou la teigne

Bienvenue au club des "Originales Patentées".

Les chaussettes orphelines te remercient de ton soutien et espèrent vivement que tu rejoindras sans plus attendre leur mouvement.

3. Le dimanche 5 décembre 2004, 18:15 par Facettes

sus à l'abandon de chaussettes !
je preconise une deuxième chance afin que chacun trouve sa chacune

laissez donc un moment reposer cette si jolie chaussettes afin que l'espace d'un instant elle comprenne la dificulté d'être deux et que tout n'est pas si facilement acquis !

mes ami(e)s l'heure est grave , restons solidaire !

bravo pour ce texte plein d'émotion

j'en suis toute retournée ce qui vous en conviendrez n'est pas vraiment une situation trés convenable pour la vieille chaussette que je suis ...

4. Le dimanche 5 décembre 2004, 18:30 par Lilou la teigne

Vielle chaussette à trou, à doigts, mais si solidaire.
Oui en ces heures difficiles restons unis

5. Le lundi 6 décembre 2004, 00:04 par Facettes

elle est où la manif ?
qui se charge des panneaux ?

bisous toi et bonne nuitée ;)

6. Le lundi 6 décembre 2004, 08:00 par L émerveillée

C'est vrai que les chaussettes ont une vie alors ?
C'est donc pour ça que je les cherche chaque matins pendant des heures dans toutes les pièces de la maison ? :D

7. Le lundi 6 décembre 2004, 10:40 par Lilou la teigne

Et voilà ce qui arrive lorsque l'on reste sourd à leur cri déchirant.
Pour te punir elles se dispersent, se cachent, se volatilisent pour attirrer ton attention.

Pour la manif je vous tiens au courant peut-être demain, je pense qu'elles vont profiter de la grève des profs pour ce joindre à eux.

Tous en coeur, oui oui, tous coeur

8. Le lundi 6 décembre 2004, 15:54 par Facettes

yeahhhhhhhh !

9. Le mardi 7 décembre 2004, 13:49 par yrles martine

Pas mal... tu n'as pas parlé de la chaussette utile, servant par le jeu des couleurs à différencier son pied gauche de son pied droit. Très utile pour moi , la prof de SPORT.Et surtout qui sert à faire parler les gens trop conventionnel.
Bizzz

10. Le mardi 7 décembre 2004, 15:42 par Lilou la teigne

Diffile quand est prof de "S...t" j'arrive pas à le dire j'ai l'impresseion de dire un gros mot, d'accepter d'avoir deux cerveaux et un seul muscle.
Mais bon je t'aime et je te pardonne
Bisous