Laurence d'hier et d'aujourd'hui

Avant avant hier, J’étais une toute petite fille de 5 ans prise dans une guerre qui n’était pas la sienne , Une guerre fratricide ou les amis d’hier n’étaient plus.

Avant hier j’étais une adolescente refusant de devenir femme, Mais la vie ne vous demande rien, Elle fait de votre corps ce qui doit être, c’est comme ça.

A 20 ans j’étais jeune fille, répétant inlassablement un discours, Me refusant toujours à l’inexorable.

Et puis j’ai cru qu’être femme c’était se soumettre à l’homme. Alors, alors je me suis soumise sans joie, sans plaisir.

Et comme il y a un ordre à toute chose, j’ai désiré un enfant, et j’avais 33 ans. Et je n’avais toujours rien compris, rien de rien. Je continuai le cercle infernal.

Et puis ce corps que je n’acceptais pas c’est réveillé, il ne voulait plus de soumission. Il c’est mis à crier, à vomir, à s’enfler, il avait sa propre vie que je ne maîtrisais plus.

Il hurlait “ ÉCOUTE” et je me bouchais les oreilles.

Il parlait et je vomissais.

Je voulais être dans le non être mais lui s’accrochait, s’agrippait jusqu’à me faire prendre conscience qu’il était temps d’en finir avec les tabous, la haine, la violence et le refus.

Alors j’ai ouvert la porte, j’ai pris mon enfant par la main et j’ai quitté mon passé, j’ai rompu le cercle infernal, à pas hésitants, à pas comptés comme on se relève d’une longue maladie, comme l’aveugle qui voit pour la première fois.

J’ai humé l’air, j’ai touché le soleil et j’ai senti que je vivais.

On m’as pris la main , on m’as pris l’autre sans violence On a cueilli tout doucement la fleur qui désirait vivre à tout prix.

Et je me suis donnée pour la première fois dans la joie, le plaisir sans tabou.

J’ai ouvert les yeux et j’ai regardé cet homme qui me faisait femme, qui prenait ma virginité sans douleur, comme il m’avait pris la main pour marcher et pour me parler.

J’ai pris alors conscience de l’importance d’être aimé et d’aimer, d’être femme à part entière, sans honte de mon corps.

Et cela m’a rendu belle à l’intérieur.

Sans le vouloir il a effacé le mal que l’on m’avait fait sans le savoir.

Aujourd’hui j’existe,