Si elle s’appelait Marie Trintignant

Billet

La police daignerait elle enfin ce déplacer ?

10 ans que cela dur, 10 qu’ils se battent….au début il n’y avait qu’une enfant maintenant elles sont deux.

Dans la première année je suis intervenue physiquement, un soir en jouant l‘innocente.

Je pensais naïvement qu’elle allait partir, les coups, les hurlements, l’enfant à protéger.

Et puis je l’ai vu enceinte et j’ai compris que jamais elle ne partirai.

Au départ j’ai mis cela sur le compte du chômage du mari, après la venue de la petite une accalmie s’est produite.

Peut être deux ou trois ans et tout à recommencer.

J’appelle régulièrement la police, toujours la même rengaine :

  • Le bruit s’entend-il de l’extérieur madame ?
  • Non monsieur, ici les murs sont en papier de cigarette, c’est comme s’ils se battaient chez moi.
  • Alors désolé, nous ne pouvons intervenir pour tapage nocturne.
  • Ce n’est pas du tapage ils se battent et il y deux enfants qui sont terrorisés.
  • Appelez donc la DDASS demain matin pour une enquête sociale.
  • Merci monsieur, je vous rappelle dès qu’il y a un mort.

Ce soir j’ai appelé enfance maltraitée, j’ai expliqué la situation, même topo : démerde toi ma fille ce n’est pas notre problème.

Oui je suis lâche et je n’ose plus intervenir directement, de plus je vis dans cette résidence comme une sauvage, je ne reçois personne et parle très rarement, hormis bonjour bonsoir.

C’est mon choix, je n’aime pas le copinage entre voisins et cela depuis toujours.

Alors je fais quoi, mis à part porter un jour la responsabilité un jour de n’avoir rien fait.

il est 23 h 14 le silence est revenu, mais pour combien de temps...?

Commentaires

1. Le vendredi 9 mars 2007, 16:55 par FDP

J'ai appelé les flics une fois, il y a plus de 15 ans. Ils étaient venus à l'époque, le type avait été embarqué. Aujourd'hui c'est le grand n'importe quoi. On te parle même de tapage nocturne alors que la notion de tapage nocturne n'existe pas dans la loi. Il y a tapage tout court, de jour comme de nuit, c'est interdit.

Non, il faut faire du chiffre, avec des cibles et des objectifs pré-établis. Il faut confirmer la délinquance estimée et ne pas venir déranger avec la délinquance réelle.

Qu'est-ce qu'une femme battue à coté de 3 assassins qu'on va flasher à 56km/h à l'entrée d'un village ?

PLus que jamais aujourd'hui, j'aurais honte d'être flic.

2. Le vendredi 9 mars 2007, 17:14 par Erin

Je ne connais pas les faits, je ne parlerai que de mon expérience...

Avec mon premier mari, j'ai été violentée physiquement et moralement. Un jour, aidé par une amie, j'ai enfin osé aller en parler aux flics. il faut dire que j'avais dû aller voir mon doc, parce que les bleux de plus de 10cm de diamètre sur le ventre me faisaient craindre des séquelles internes... Bref, je me rends toute honteuse, intimidée et pas convaincue à la gendarmerie (j'étais en milieu rural).

Le gendarme en face de moi, prends ma déposition, fait une photocopie de mon certificat médical et me parle gentiment de la procédure que je met en route.

D'abord, il y a inscription sur la main courante, ensuite, il y aura ronde régulière dans ma rue (une impasse en fait), le temps qu'il me sera nécessaire pour partir de là... Il me demande si je souhaite partir, et ajoute "on est bien d'accord ?"... Puis là il me signale, que si il y a doute sur une éventuelle "crise conjugale violente" (terme employé qui m'est resté en mémoire), ils interviendraient... Mais qu'à ce moment là, si je nie les faits, ou les minimise, devant mon mari... Ils ne pourront agir plus... Et qu'au bout de 2 fois, ils en viendraient à "s'en laver les mains"...

J'étais prévenue... Je me suis sentie suffisamment soutenue par eux (et absolument pas par mes parents au courant), pour décider fermement de partir... et me libérer de cette situation où je me sentais fautive (d'où la honte ressentie et dite plus haut)...

C'était en 1991... Sans doute que beaucoup de choses ont changées depuis... en mal... Mais il reste un fait sûr... Si la femme en question ne veut pas, n'a pas voulu, reconnaitre la violence conjugale... Les flics ne peuvent rien faire...

Ceci dit... Je comprends tout à fait ce que tu peux ressentir...

3. Le samedi 10 mars 2007, 00:27 par Zub

Ces C... ne bougeront pas.
Justice: quelques part dans le nord, deux sont en prison pour non assistance à personne en danger, ils ont refusé d'intervenir suite à un coup de téléphone, La femme est morte.
La prochaine fois dit que la femme crie "au secours", avec un peu de chance ils finiront par bouger leur cul.

Et ils veulent qu'on les respectent!!!!

4. Le dimanche 11 mars 2007, 21:03 par Vroumette

Le souci dans ce type de démarche, c'est que tu dépends du bon vouloir de la personne qui est en face de toi. Il existe des moyens pour intervenir ais encore faut-il que tu tombes sur quelqu'un qui se sente impliquée dans son travail, sa mission.

Je le constate tous les jours dans la fonction publique territoriale. Il est dommageable de constater qu'ils sont peu nombreux à vouloir se démener pour être au service du public. Mais, il en existe, le tout est d'avoir affaire à cette personne.

Bon courage en attendant.

5. Le mercredi 14 mars 2007, 09:38 par gilda en provenance de chez Samantdi

Dans mon enfance ça tapait sec, pas forcément chez nous où la dictature était plutôt psychologique et d'avoir précisément peur en permanence que ça dégénère, mais en gros dans le voisinage. Chez la plupart de mes copains d'école le martinet était un élément "normal" d'éducation. Les "crises conjugales violentes" étaient alors prises en charge à la bonne franquette (si on peut dire ça pour ça) par le voisinage : les uns recueillait la femme, d'autres calmaient le mari, les parents des copains des gosses les hébergeaient pour la nuit voire même les conduisaient à l'école le lendemain. C'était limite si on s'inquiétait pas de la santé de monsieur Machin parce que ça fait longtemps que c'est calme par chez eux.

A présent c'est différent. Probablement pas pire mais on est bien plus démuni parce que chacun semble davantage seul pour faire face, le violent n'a personne pour le calmer (des fois il faut très peu de chose pour arrêter une crise (je ne dis pas ça pour dire d'intervenir, je sais qu'il faut également peu de choses pour transformer n'importe qui en assassin)), la personne blessée si elle n'est pas soutenue par d'autres sur une longue période et pourvue d'un hébergement ne saura pas se sortir des griffes de son bourreau maison (sans parler de la crainte de représailles), les voisins ou témoins involontaires qui restent avec leur impuissance et leur volonté d'aider et sentiment de culpabilité de ne pouvoir le faire.

Je n'ai pas de solution à proposer. Effectivement en parler à d'autres voisins qui eux aussi doivent bien entendre peut en être une (mais encore faut-il les connaître un peu et on n'a pas forcément envie de "voisiner"), appeler la police municipale là où il y en a une (ils se déplacent plus volontiers que celle d'état pour des "broutilles" de ce genre), demander conseil auprès d'associations de quartier (s'il y en a), et ce qui affleure dans le titre du billet, tenter à son échelle de médiatiser l'histoire sur le mode, j'ai un voisin violent avec sa famille, je ne suis pas de taille à intervenir physiquement et quand j'appelle la police (ou les gendarmes) ils me disent qu'on ne peut rien faire, mais je ne peux pas non plus les laisser s'entretuer. Il y aura bien un journal, une radio, une télé, un truc local ou national qui s'en fera l'écho et peut-être qu'alors ceux dont c'est le métier d'intervenir le feront enfin (encore faut-il que la femme frappée ne prenne pas la défense de son compagnon).